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Le cyber-magicien
Cofondateur et PDG de Wiz, l’une des entreprises de cybersécurité les plus dynamiques au monde, Assaf Rappaport œuvre pour une inn…
mardi 1 juillet 2025
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Dans les années 1980 et 1990, Yann Le Cun joue un rôle clé dans l’émergence des réseaux de neurones convolutifs (CNN), une architecture inspirée du fonctionnement du cortex visuel humain qu’il adapte et perfectionne pour la reconnaissance de formes. Cet apport décisif ouvrira la voie aux applications modernes de la vision par ordinateur.
En 2003, il rejoint l’Université de New York, où il fonde le NYU Center for Data Science. Dix ans plus tard, Mark Zuckerberg lui confie la direction du tout nouveau laboratoire Facebook AI Research (FAIR), qui deviendra l’un des pôles de recherche en IA les plus influents au monde. Il est aussi membre de l’Académie nationale des sciences des États-Unis et, en France, chevalier de la Légion d’honneur.
En 2018, à 58 ans, Yann Le Cun reçoit le prestigieux Prix Turing (l’équivalent du Nobel en informatique) avec Yoshua Bengio et Geoffrey Hinton, pour leurs contributions fondamentales à l’apprentissage profond.
Le « Chief AI Scientist » de Meta adopte une position nuancée face aux spéculations sur l’émergence d’une IA générale, une IA capable de raisonner et d’agir comme un humain, qu’il juge prématurées et souvent déconnectées de l’état réel des avancées scientifiques. De même, il se montre prudent à l’égard des IA génératives, à ses yeux prometteuses mais limitées par leur compréhension superficielle du monde.
Il défend davantage le concept d’AMI (Advanced Machine Intelligence), approche fondée sur la capacité d’un système à apprendre et à comprendre de manière autonome. Inspiré du fonctionnement du cerveau humain, sans pour autant le copier, l’AMI vise à créer des intelligences flexibles, dotées de bon sens, de curiosité, et reposant sur l’apprentissage auto-supervisé.
Yann Le Cun incarne une vision profondément humaniste de l’IA, fondée sur l’éthique et le respect des valeurs universelles. Cette technologie n’a pas vocation à remplacer l’humain mais à renforcer ses capacités, et ne représente pas une menace existentielle. Il rejette fermement les discours alarmistes sur une IA « hors de contrôle », qu’il considère davantage comme de la science-fiction que comme une réalité scientifique.
Les algorithmes, aussi puissants soient-ils, restent des instruments façonnés par des intentions humaines, rappelle-t-il. Pour lui, l’IA représente avant tout un levier de progrès pour la société, permettant de relever les grands défis de notre temps (santé, éducation, environnement, etc.). Elle peut donc être une force bénéfique si elle est rigoureusement encadrée : elle doit être transparente et explicable, développée dans le cadre d’une recherche ouverte et démocratique, en opposition à la concentration du savoir et du pouvoir technologique entre les mains de quelques entreprises.